PROGRAMMATION DU FESTIVAL DU CINÉMA CHINOIS 2006
1 - Synopsis Films
2. Jours et heures de programmation.
1. Synopsis des Films
Rétrospective Fei Mu
Après des débuts de critique cinématographique (il coédite la revue Hollywood avec son ami Zhu Shilin), il commence dès 1933 une carrière de metteur en scène avec Une nuit en ville dont la vedette est la belle Ruan Lingyu qui interprètera également son film suivant Une vie (1934) qui valut un prix à la compagnie Lianhua.
Dans la même année il réalise Une mer de neige parfumée (1934), dont il est également scénariste, et tout de suite après Piété filiale (1935).
En 1936, à la veille de la déclaration de guerre, il réalise un film qui attaque indirectement les Japonais : Du sang sur la montagne des loups. En 1937, un sketch du film Symphonie Lianhua, Rêve tragique d’une jeune fille, devient muet par suite de la censure. Cette même année sera particulièrement féconde pour Fei Mu qui réalisera également Meurtre dans l’oratoire, Sur scène et dans les coulisses, un court-métrage sur la vie des acteurs d’opéra, Une ville plaquée et Martyrs sur le front du nord.
Pendant la période de l’« Ile orpheline », il écrit et réalise encore quatre films, dont Les enfants du monde (1940), en collaboration avec les exilés Jacob et Luise Fleck, et Le chant de la Chine antique (1941).
Lorsque les Japonais prennent le contrôle des studios de Shanghai en 1942, il refuse de collaborer. En 1948, il réalise son chef d’œuvre Le printemps d’une petite ville ainsi que le premier film en couleurs chinois, Regrets éternels, un opéra de Pékin interprétée par le grand acteur Mei Lanfang.
En 1950, il entreprend à Hong Kong Les enfants du voyage mais il meurt l’année suivante ; le réalisateur Zhu Shilin achèvera le film.
Le Printemps d' une petite ville est considéré en Chine comme dans le reste du monde comme un monument du cinéma chinois. Il exprime le point de vu de la jeune femme dans un langage cinématographique novateur pour l'époque au moyen d’images simples et poignantes qui se suivent sans heurt comme dans un monologue intérieur. L'actrice Wei Wei est extraordinaire dans ce rôle, de même que la photographie y est exemplaire de maîtrise et de retenue.
En 2002, le cinéaste Tian Zhuangzhuang a réalisé un remake tout aussi remarquable de ce chef d’œuvre du cinéma chinois de tous les temps.
(*) textes inspirés des fiches du Catalogue « Le cinéma chinois » - Centre G.Pompidou – 1985.
PRINTEMPS DANS UNE PETITE VILLE
(Titre chinois : Xiao cheng zhi chun)
Réalisation : Fei Mu et Luo Mingyou
Scénario: d’après l’œuvre de Li Tianji
Avec : Cui Chaoming, Wei Wei, Shi Yu
1948
Dans une ville du sud, à une époque qui n’est pas précisée, un couple marié depuis huit ans, vit dans une maison délabrée au bord de la muraille en ruine. La femme, Yuwen, n’aime pas vraiment son mari, Liyan, de caractère dépressif et de santé fragile, mais lui est néanmoins très attachée.
Un jour, arrive un jeune médecin, Zhishen, ancien camarade d’école de Liyan, qui fut autrefois très amoureux de Yuwen. L’amour entre les deux vieux amants se rallume aussitôt ; Liyan s’en aperçoit et en souffre. Sa femme et son ami sont alors tiraillés par des sentiments contradictoires…
PIETE FILIALE
Titre en chinois : Tian Luan
(titre en anglais : Song of China)
Réalisation : Fei Mu et Luo Mingyou
Scénario: Zhong Shigen
Avec : Zheng Junli, Chen Yanyan,Lin Chuchu, Zhang Yi, Li Zhuozhun
1935
Ce film des studios de la Lianhua s'inscrit dans le sillage du "Mouvement de la Vie Nouvelle", mouvement social et politique qui tendait entre autres à rétablir les valeurs traditionnelles chinoises par opposition aux mœurs internationalistes et décadentes de la Shanghai des années 30. Ce courant combinait curieusement Confucianisme et valeurs chrétiennes pour défendre l'idée d'un "mode de vie moderne et sain" où la femme devait remplir son rôle de femme, de mère et de ménagère. Ce film est une des très rares productions chinoises à avoir été distribué aux Etats-Unis dans les années 30.
Un fils en perdition retourne chez lui juste avant la mort de son père. Le vieil homme, sur son lit de mort, lui demande d'étendre l'amour qu'il porte à sa famille à l'ensemble de la société. Plusieurs décennies après, ce fils devenu vieux est lui même déçu par ses propres enfants, et plus particulièrement par son fils et sa belle fille qui se vautrent dans les plaisirs infâmes de la vie urbaine. Il décide alors de quitter la ville pour la campagne et de consacrer sa vie aux autres en construisant un orphelinat. Mais rapidement son fils et sa belle-fille et ensuite sa fille le quittent pour rejoindre la ville.
Des années plus tard, son petit fils vient vivre avec lui. Abandonnée par son amant, sa fille décide elle aussi de retourner auprès de lui. Sur son lit de mort, le vieil homme admoneste ses enfants dans les mêmes termes que son père avaient utilisé à son égard bien des années auparavant : Dépassez l'amour personnel et étendez-le à l'ensemble de l'humanité. Le film se termine par les orphelins marchant fièrement vers leur futur flamboyant.
SYMPHONIE DE LIANHUA
7 COURTS METRAGES DES REALISATEURS DE LIANHUA Films
Au cours des années 1920, de nombreuses entreprises se lancent dans la production cinématographique. Plus de 140 sont installées à Shanghaî. Néanmoins, rares sont les compagnies qui peuvent supporter la concurrence et s'imposer durablement. Dès le début des années 30, Lianhua, " l'Alliance Chinoise", fait partie des meilleures sociétés de production chinoises. Elle fait travailler des cinéastes à la conscience sociale aiguisée et totalement maîtres de leur outil. On y retrouve de nombreuses influences, notamment l'expressionnisme allemand.
Lianhua se différencie des autres compagnies de l’époque car ces cinéastes ne se limitent pas simplement à « copier » les styles étrangers. En fait, ils s’inspirent des techniques étrangères dans le seul but de les assimiler et de les fondre avec leur propre créativité. Ce seront les premières tentatives d’un style cinématographique assez particulier, où l’innovation provenant de l’étranger va rencontrer la tradition chinoise et va s’y adapter parfaitement.
Par leur diversité formelle et leur communauté de discours, les courts métrages de la Symphonie de Lianhua, représentent formidablement le dynamisme, l'espoir et les considérations sociales qui animèrent le cinéma de Shanghaï dans les années 30.
LE CAUCHEMAR TRAGIQUE DE JEUNE FILLE
Réalisation : FEI MU
Avec : Yan Yan Chen, Chong Pei
Tourné en pleine guerre sino-japonaise, cet exceptionnel court-métrage de Fei Mu est construit comme un poème expressionniste sur l'invasion japonaise et la résistance à l'envahisseur, Fei Mu nous livre à travers les chimères d'une jeune fille, une puissante allégorie de la traumatisante agression japonaise.Ce sketch fut rendu muet par la censure à cause de son contenu anti-japonais.
UN ETRANGER
Réalisation : TAN YOU LIU
Avec : Zheng Jun Li, Bai Lu
Un espion s'introduit dans un village se faisant passer pour un commerçant ambulant. Il trouve refuge dans la maison de Mei. Mei est un traître. Il aide l’espion à s'échapper. Mais, après le retour d'une patrouille, il apprend que l’espion dans sa fuite a tué son fils, brave et courageux soldat. Mei se révolte enfin contre l’ennemi.
TROIS HOMMES
Réalisation : SHEN FU
Avec Liu Ji Qun, Yin Xin
Trois malfrats sortent de prison. Ils se jurent de commencer une vie honnête. Mais ils croisent une pauvre veuve endettée persécutée par un huissier. Elle le tue. Pour la sauver, les trois comparses s’accusent du crime et retournent en prison.
SOUS LA LUNE
Réalisation : HE MENG FU
Avec Li Qing, Luo Peng
Un jeune homme recherche son père depuis très longtemps parcourant les routes de Chine. il arrive à Shanghai désespéré, désargenté, affamé. Il décide alors de dévaliser une bijouterie. Mais lors de son forfait, il tombe sur un vieux gardien qui s'avère être le père tant recherché. Mais il est trop tard. La police arrive et emmène le jeune homme sous les yeux de son père.
LE FANTOME
Réalisation : ZHU SHI LIN
Avec Li Lili, Heng Li
Après une soirée entre amis passée à évoquer l'existence des esprits, une jeune fille se retrouve seule dans sa chambre. Croyant entendre un fantôme, elle prend peur et vient se réfugier, terrorisée, chez son voisin. Celui-ci en profite pour abuser d'elle. Choquée et traumatisée par cette funeste expérience, ses amis décident d'appeler un moine taoïste pour la sortir de son état délirant. La jeune femme sort alors de son état de transe, arrache l’épée du moine et accuse le voisin d'être son fantôme.
FANTASIA
Réalisation : XUN YU
Avec : Shang Dun Wu, Mei Xi
Métaphore violente du passage de l'état de paix à l'état de guerre, ce court métrage est impressionnant par sa puissance à évoquer la cruauté et l'absurdité de la Barbarie. Un paysan travaillant dans les champs est victime d’un bombardement aérien. Sa femme et ses enfants sont tués. Traumatisé, ne cessant de crier, il est envoyé dans un asile d’aliénés.
CINQ FRERES
Réalisation : CAI CHU SHENG
Avec : Wang Ci Long
Monsieur Li a loué son appartement à Monsieur He. Celui-ci ouvre alors un magasin. Un jour la petite fille de Monsieur Li disparaît. Monsieur Li soupçonnant fortement Monsieur He de l’avoir enlevé, l’emmène au poste de police. Mais les policiers ont été corrompus par le commerçant, et font la sourde oreille. Les enfants de Monsieur Li partent à leur tour à la recherche de leur petite sœur. Ils découvrent que Monsieur He l’a vendue. Ils finissent enfin par la retrouver.
LES ENFANTS DU MONDE
Shi Jie Er Nu
Kinder der Welt - Children of the World
Réalisation : Jacob Julius et Louise Fleck
Ecrit par Fei Mu
Avec Lan Lan, Shi Hui, Sima Yingcai, Zhang Yi
1941, 85 minutes
Tourné à Shanghai en 1941, les Enfants du monde est réalisé par un couple de cinéastes autrichiens hors de commun dont l' épopée traverse l'histoire du cinéma de la première moitié du XXeme siècle.
Le couple Fleck qui débarque à Shanghai en 1940 fait partie des pionniers du Cinéma.
Louise Fleck, du nom de son second mari, est plus connue des aficionados du cinéma sous le nom de son premier mariage Louise Velot-Klume. Issu d'une famille d'origine lyonnaise installée à Vienne au début du XIXeme siècle, Louise Velot travaille avec son père, Louis Velot, qui fonda le premier théâtre de Cinéma de Vienne.
En 1910, l'année où elle donna naissance à son fils, le réalisateur Walter Kolm-Veltée, elle fonda avec son premier mari, le photographe Anton Kolm et le cameraman Jacob Julius Fleck, la première compagnie de production cinématographique autrichienne. Louise Velot-Klume-Fleck fut tour à tour scénariste (18 films), réalisatrice (50 films) et productrice (129 films). A la mort d'Anton Kolm en 1922, elle épouse Jacob Julius Fleck. Ils partent ensemble pour Berlin en 1923 où ils réalisent et produisent de nombreux films. A l'arrivée d'Hitler au pouvoir, ils retournent à Vienne, où, rapidement, il leur devient impossible de travailler. Jacob Julius est arrêté et interné au camps de concentration de Dachau et Buchenwald.
Ce n'est que par l'intervention du réalisateur allemand William Dieterlé, à qui les Fleck avaient donné sa chance à Berlin en 1926, qu'il est relâché après 16 mois d'internement. Le couple s'envole alors pour Shanghai où il réalise sur un script de Fei Mu Les enfants du Monde, au titre si bien trouvé.
La première se déroula le 4 octobre 1941 au Jindu Théâtre de Shanghai, où il fut populaire jusqu'à son retrait des écrans pendant l'occupation japonaise en décembre 41. Il raconte une histoire d'amours croisés, pleine de retenues et de sens du devoir avec pour fond le sanglant conflit de la guerre sino-japonaise.
Dans les années 1920, Monsieur Li s'opposa aux seigneurs de guerre dans l’armée révolutionnaire. Vingt ans plus tard, son fils Guo Xin, combat les troupes d’occupation japonaises. Blessé, il est soigné dans un hôpital par le filleul de son père, Shizhong et par une infirmière, Qinghua. Pour fêter son rétablissement, ils l’emmènent au bal. La jeune infirmière y rencontre sa camarade d’enfance A Lian. Celle-ci est sous la haute surveillance de son père adoptif qui la force à danser avec lui. Guo Xin la reconnaît également car c’est sa voisine d’enfance. Profitant de leur présence, elle rompt avec son tyrannique père adoptif et trouve protection auprès de Monsieur Li. L’infirmière lui enseigne la médecine, Guo Xin et Shizhong en tombent tous deux amoureux. Mais Guo Xin décide de retourner à la guerre. Cachant ses sentiments à A Lian, il la pousse dans les bras de Shizhong. Elle exprime alors son amour pour Guo Xin qui repart aussitôt au combat sans même la prévenir. Il écrit des lettres à son père qui restent sans réponse. A l'inverse, A Lian, elle ne reçoit aucune nouvelle de Guo Xin ; Désespérée, elle tombe malade. Shizhong la soigne et finit par se fiancer avec elle. A nouveau blessé, Guo Xin revient et apprend à la fois la mort de son père et les fiançailles de ses amis . Il disparaît sans un mot. Qinghua le rejoint et entraîne avec elle les fiancés. Les deux couples partiront alors ensemble pour la guerre.
LE CHANT DES ADIEUX
Titre chinois : Sheng Si Hen
Réalisé par FEI MU
Scénario de Mei Lanfang et Qi Rushan
Avec Mei Lanfang, Jiang Miaoxiang, Li Qingshan, Xiao Dexuan, Zhu Binxian
1948
Le Chant des Adieux est le fruit de la collaboration de deux maîtres incontestés au sommet de leur art, Fei Mu et Mei Lanfang (1894-1961), le plus grand maître de l'Opéra de Pékin du XXeme siècle qui adapta spécialement la pièce pour le cinéma. Regrets éternels est le premier film en couleur de l'histoire du cinéma chinois. Mei Lanfang occupe une place particulière dans l'histoire de l'art chinois.En un peu plus de 50 ans, il joue plus de 100 rôles du répertoire et révolutionne l'interprétation traditionnelle des caractères en modifiant les costumes, les maquillages et enrichissant la gestuelle, les poses et les expressions des personnages qui constituent la véritable langue de l'Opéra de Pékin. Dans les années 30, Mei Lanfang est une star mondiale dont le talent est reconnu du Japon aux Etats-Unis en passant par l'Union Soviétique. En 1930, il se rend aux Etats-Unis où sa tournée est un véritable triomphe et se lie avec Charlie Chaplin, Mary Pickford, Cecil B. de Mille et Douglas Fairbanks. En 1935, c'est avec le "Nouveau théâtre des formes anciennes" que Mei Lanfang se rend en U.R.S.S. Stanislavski, Meyerhold, Eisenstein se comptent parmi les membres du comité d’accueil. A côté d’eux se trouvent Gorki et Tolstoï. De nombreuses discussions sont menées entre ces monstres sacrés de la littérature, du cinéma et du théâtre d'avant-garde. Brecht s'est spécialement déplacé pour l'occasion et utilisera le fruit de ces rencontres dans sa célèbre étude "Effets de la distanciation dans l’art du comédien chinois", publiée à Londres par la revue Life and Letters en 1936. Eisenstein écrit à propos de Mei Lanfang : « Il sait, en recréant les formes parfaites de l’ancienne tradition, les conjuguer avec un contenu renouvelé", autrement dit adapté aux changements radicaux apportés par la vie moderne. C'est donc avec une parfaire compréhension de l'outil cinéma et une extraordinaire maîtrise de son art que Mei Lanfang adapte et interprète ce qui restera comme un monument de l'histoire du cinéma chinois.
L’action se déroule à l’époque des invasions tartares pendant la dynastie Song (11ème siècle). Une femme, Han Yuniang, est fiancée avec un lettré Cheng Pengju. Fuyant l’invasion, ils se perdent. Yuniang a conservé en souvenir une chaussure de Cheng. Après plusieurs années, celui-ci devenu officier dans l’armée, revient triomphalement après avoir chassé les tartares. Ramenant son autre chaussure, il retourne auprès de sa bien-aimée mourante.
LE PAON
Titre Chinois : "Kong Que"
(Titre Anglais : "Peacock")
Ours d’argent au Festival de Berlin 2005
Réalisation : Gu Changwei
Scénario : Li Qiang
Avec Zhang Jingchu, Lu Yulai, Li Feng.
2004, 144 minutes
Ce film marque les débuts à la réalisation de Gu Changwei qui est surtout connu pour être le directeur de la photographie de films qui ont révolutionné le cinéma chinois comme Le Sorgho Rouge de Zhang Jimou, In the Heat of the Sun ou Les démons à ma porte de Jiang Wen, ou encore de Chen Kaige Terre Jaune et Adieu ma concubine pour lequel il a été nominé aux Oscars.
Gu Changwei a choisi des acteurs inconnus pour interpréter les rôles principaux. Zhang Jingchu (la sœur) est une récente diplômée de l’Académie du film de Pékin. Feng Le (l’aîné) et Lu Yulai (le cadet) viennent tout juste de sortir de l’Académie centrale d’art dramatique.
Gu Changwei a voulu sortir de la forme narrative de ses amis cinéastes de la cinquième génération en racontant une réalité sociale souvent poétique sans l'artifice de personnages épiques, de lourds costumes et de décors précieux. « Laisser la vie se dérouler aussi naturellement que possible, est l’effet idéal que je recherchais pour mon film. » dit-il, privilégiant les plan-séquences pour coller le plus possible à la vie de ses personnages.
« L’atmosphère du film correspond exactement à mes conditions de vie de l’époque, ainsi qu’à celle d’un milliard d’autres personnes. J’ai voulu décrire leurs vies. ».
Kong QUE décrit le quotidien d’une famille d’ouvriers dans une petite ville chinoise après la Révolution culturelle. La sœur aînée ne se sent guère épanouie dans son travail comme dans sa vie. Elle rêve de devenir parachutiste et décide de poser sa candidature, mais c’est un échec. Le frère aîné est particulièrement choyé en raison de son statut de premier fils, mais surtout à cause de son handicap mental. Ses parents et sa sœur aînée le protègent contre les brutalités et humiliations qu’exercent sur lui ses collègues d’usine. Mais il est lui-même souvent incapable de contrôler ses propres pulsions. Le plus jeune frère se sent bien seul. Il disparaîtra de la ville pour revenir bien plus tard, avec une femme plus âgée ayant un enfant.
De longues années se sont écoulées. Les trois enfants se retrouvent dans un zoo, en compagnie de leurs propres enfants. Ils regardent un paon qui refuse de montrer la beauté de son plumage.
LE SILENCE DES PIERRES SACRÉES
(Titre anglais : The Holy Silent Stones)
Prix du meilleur premier film au Festival du Coq d’Or 2005 (Chine)
Mention spéciale au Festival de Pusan 2005 (Corée)
Ecrit et Réalisé par Wanma Caidan
Avec : Blo Bzang (le petit lama), Que Sai (Le vieux lama)et le bouddha vivant Ju Huan (rôle du Bouddha vivant)
2004, 102 minutes
C'est le premier long métrage de fiction contemporaine écrit, joué, réalisé et produit par des tibétains. Il fut tourné avec les vrais habitants du village tibétain dont est originaire le cinéaste. Cette démarche authentique et le traitement réaliste de la narration nous offrent une vision vivante du Tibet profond, éloignée de l’exotisme et des stéréotypes.
Ce film est traversé par des touches d'humour qui, s'ajoutant à la rigueur du cadre et de la photographie, des paysages et de la langue tibétaine, participent à l'atmosphère naturelle, sensible et raffinée qui rend bien compte du quotidien dans ces montagnes reculées.
Dans le temple d’un petit village reculé du Tibet, c’est la période du Nouvel An. Petit Lama s’apprête à rentrer quelques jours dans sa famille. Son père, venu le chercher, donne en guise d’offrande au vieux lama, le tuteur de son fils, une somme d’argent lui permettant de réaliser son vœu le plus cher : partir en pèlerinage pour Lhassa. Sur le chemin du temple au village de sa famille , Petit Lama et son père font une halte chez un vieux sculpteur de pierre qui leur promet de leur graver un sutra sur une stèle.
Arrivé à la maison, Petit Lama s’installe devant le téléviseur acheté par son grand frère pour regarder les VCD de la saga du « pèlerinage en occident ». Mais la batterie solaire tombe en panne. Dépité, il sort avec son petit frère pour assister à la répétition d’une célèbre pièce de théâtre du répertoire tibétain. Parmi les acteurs, il y a son grand frère, qui est dans la vie commerçant. Il incarne le rôle du Prince au grand cœur de Bouddha. Sa petite sœur interprète le rôle de sa fille et la fiancée du grand frère, l’épouse favorite du Prince.
Le lendemain, toute la famille assiste à la représentation. Dans le public venu nombreux, les personnes âgées sont émues par la scène où le Prince au grand cœur fait don de ses yeux, de sa femme et de ses enfants. Petit Lama, lui, est plutôt blasé de devoir revoir chaque année la même pièce qu’il connaît sur le bout les doigts.
Ayant enfin pu visionner un VCD du « pèlerinage vers l’occident » version dessin animé, Petit Lama a une pensée pour le vieux lama qui aime tant lui raconter les histoires sur les moines de la dynastie Tang. Il demande à emprunter l’appareil et tous les VCD pour les montrer à son maître. Sur le chemin de retour, Petit Lama et son père repassent chez le vieux graveur de stèles. Mais le vieil homme est mort la veille et n’a pas eu le temps de terminer son œuvre. Ils font des prières et transportent la stèle inachevée au monastère.
La vision d’un épisode du « Pèlerinage vers l’Ouest » provoque un enthousiasme certain au temple. Petit Lama demande alors à son père de séjourner deux jours supplémentaires pour que les moines puissent voir l’ensemble de la série. Le père, contraint de rentrer, promet de ramener le téléviseur à la prochaine occasion. C’est avec tristesse que Petit Lama regarde s’éloigner son père avec le téléviseur chargé sur le dos d'un mulet.
Le vieux lama, reconnaissant au jeune Lama pour toute la générosité qu’il manifeste à son égard, lui offre son vieux poste de radio et lui promet de l’emmener avec lui à Lhassa pour le pèlerinage. La grande cérémonie commence. Les lamas prononcent les soutras pour le repos des âmes, pour le bonheur et la paix.
DELAMU
Titre Chinois : Cha ma gu dao xi lie
(Titre Anglais : « Delamu »)
Réalisateur : Tian Zhuangzhuang
2004, 1h50 minutes
La province chinoise du Yunnan est célèbre pour sa route millénaire, la route de Chamagudao, par laquelle les caravanes transportaient autrefois le thé, le sel et les céréales. Tian Zhuangzhuang en a fait le sujet de ce documentaire où il retrace les histoires de la caravane et décrit la vie des peuples de la vallée de la rivière Nujiang, au Nord-Ouest du Yunnan. Il a fallu cinq ans au cinéaste pour réaliser ce documentaire dont le nom reprend celui de la déesse protectrice en tibétain. Les paysages époustouflants du Yunnan et de la Région du Tibet y sont filmés sans commentaires et sans artifices. « Je n’ai jamais vu un film comme Delamu, où les peuples locaux sont si plein de grâce et de dignité », avoue un ami du réalisateur, « car dans le monde intérieur de Tian, le Yunnan est la terre la plus proche des dieux et ses peuples ont une vie empreinte de mysticisme ».
« Avant de tourner, j’avais réellement travaillé sur le scénario » explique le réalisateur, « mais je me suis aperçu après que tout cela était inutile. Je devais simplement observer attentivement les peuples et expérimenter leur mode de vie ». Selon lui, faire ce film était un moyen de montrer les sentiments qu’il éprouve pour cette terre mystique où les cultures et les traditions de différents groupes ethniques fusionnent naturellement. (Texte de Wang Yongqiang )
LA VIE ARRACHEE
Titre Chinois : Sheng Si Jie
(Titre anglais : Stolen Life)
Prix 2005 du Meilleur Film au festival TRIBECA de New York
Réalisé par Li Shaohong
Scénario : Liao Yimei
Avec : Zhou Xun, Wu Jun, Cai Ming, Su Xiaoming,Wang Pelyi
2005, 90 minutes
Li Shaohong est une des cinéastes féminines les plus importantes de la cinquième génération. Tour à tour productrice et réalisatrice, elle possède une longue filmographie incluant des films de fiction comme Bloody Morning, Family Portrait, Blush, Red Suit et Baober in love qui ont obtenu des prix dans des festivals comme Berlin ou Venise. L'histoire de Sheng Si Jie est l'histoire d'un drame ou la rigueur narrative et le jeu précis et tendu de Zhou Xun nous entraînent dans une descente aux enfers que rien ne semble pouvoir entraver.
Jeune femme renfermée et solitaire, Yan’ni vit sous la surveillance de sa tante tyrannique. Le jour où elle apprend qu’elle a été reçue à l’université, elle laisse éclater sa joie, convaincue que sa morne existence va enfin pouvoir changer. A son arrivée en ville, elle rencontre accidentellement un jeune et timide chauffeur de livraison, Muyu, dont elle tombe rapidement amoureuse. Elle ne tarde pas à quitter le dortoir pour vivre avec lui dans des conditions précaires. Dans l'impossibilité de cacher sa grossesse, elle est sommée par l'université de choisir entre son enfant et ses études. Sous la pression affective de Muyu, elle décidera de conserver l’enfant contre son gré. Elle abandonne ses études, se replie sur elle même et collectionne les petits boulots pour survivre.
Mais durant sa grossesse, son compagnon se montrera de plus en plus distant. Après l’accouchement, le jeune homme la persuadera de vendre son enfant à un couple de classe moyenne pour une importante somme d’argent. Désespérée, isolée, humiliée, ayant tout perdu, elle forcera Muyu à lui révéler son vrai visage et découvrira son diabolique talent de manipulateur....
TELEPHONE MOBILE
Titre chinois : Shou Ji
(Titre anglais : Cell Phone)
Réalisation : Feng Xiaogang
Scénario : Liu Zhenyun
Avec : Fan Bingbing, You Ge, Zhao Juie,
2003, 107 minutes
Selon Feng Xiaogang, Cell Phone est le film le plus satirique et le plus humoristique qu'il ait tourné mais «il représente bien plus qu'une comédie car il dépeint les peurs intérieures qui envahissent tout un chacun».
Le film raconte l'histoire d'une personne qui anime un show télévisé intitulé « Pour vous dire la vérité » mais qui ment perpétuellement dans sa vie quotidienne". Ce rôle est interprété par l'acteur Ge You, qui a remporté le prix du Meilleur Acteur lors du festival de Cannes en 1994. Il est accompagné par l'actrice et pop Star Fan Bing Bing.
Shou Ji est un film révélateur des changements récents de l'industrie cinématographique chinoise. Il fut co-produit par Columbia Pictures Asia et les Frères Huayi, les premiers producteurs de Chine. Shou Ji est l'un des meilleurs succès au box-office chinois de ces dernières années. Ni le casting, ni l'équipe n'ont été laissés au hasard. Su Cong, qui a réalisé la bande originale du Dernier empereur, a été chargé de la musique du film, Liu Zhenyun, célèbre écrivain chinois, a travaillé en qualité de scénariste et Zhao Fei est venu directement de Hollywood en qualité de directeur de la photographie.
Feng Xiogang est habitué aux succès commerciaux, mais cette fois-ci, s'il avait pour but de faire une comédie populaire, il s'est laissé prendre à l'histoire et en à durci les traits. Véritable phénomène de société en Chine et à Taiwan, ce film met l'éclairage sur les changements dans la vie amoureuse et les rapports de couple de la nouvelle classe moyenne chinoise.
Synopsis
Yan, l’animateur vedette du célèbre show télévisé « Pour vous dire la vérité » est, dans la vie, un fieffé menteur. Il a une femme, une maîtresse et une nouvelle petite amie. Grâce au miracle technologique des téléphones mobiles, il passe allégrement d’une femme à l’autre. Mais en mélangeant dans un cocktail explosif vie professionnelle et privée, cet instrument lui sera fatal.
CA TOURNE AU VILLAGE
Titre Chinois : Zi Yu Zi Le"
(Titre Anglais : "Master of Everything")
Réalisateur : Xin Lee
Scénariste : Sara Chen
2004, 97 minutes
Avec : John Lone, Coco Lee, Tao Hong
Cette histoire est tirée de l'histoire vraie de Zhou Yuanqiang qui vivait dans la région de Jiangxi. Il s'arrangea pour obtenir une caméra DV et commença à faire ses propres séries télévisées avec les habitants de son village. Devenu célèbre, il a depuis réalisé de nombreuses séries télévisées. C'est la lecture d'un article de journal qui donna l'idée de cette comédie romantique à Sara Chen, dans laquelle jouent deux superstars chinoises, la chanteuse Coco Lee et l'acteur John Lone, connu pour avoir interprété le rôle principal dans le Dernier empereur de Bertolucci.
Synopsis
Mi Jihong, (John Lone), vit dans un petit village perdu et partage sa maison avec sa sœur (Tao Hong), une jeune femme très énergique. Mi Jihong est secrètement amoureux de sa meilleure amie, Luhua (Coco Lee), la fille du chef du village, magnifiquement belle mais particulièrement sous-douée. Mi Jihong assiste à la cuisante humiliation qu'elle subit en se présentant à une audition pour devenir actrice. Il décide alors de réaliser lui-même un film dont Luhua sera la star. Il hypothèque sa maison et achète une petite caméra digitale. Dans l'impossibilité de financer son film, il a l'ingénieuse idée de faire payer aux villageois leur participation dans le film, le premier rôle étant naturellement le plus rémunérateur... Mais le tournage ne se passe pas comme prévu...
LES HEROS SORTENT DE LA JEUNESSE
( fiche en cours)
Ce film, inconnu en France, de Mu Dun Pei, réalisé en 1983 , est remarquable par sa fraîcheur, son jeu d'acteur et sa réalisation. Film joyeux de kung fu, sorte de club des cinq dans les montagnes du Sichuan, il ne s'apparente à aucun des standards usuels du genre. Tourné sans effet spéciaux, ce film au cadrage audacieux, au montage brillant et vif, provoque naturellement cette joie et ce rire de l'enfant que nous portons chacun de nous.
Synopsis
A la fin de la Dynastie Qing, la Cour corrompue doit faire face à des soulèvements populaires. Sa bête noire est l’ordre du Ciel et de la Terre qui prône le renversement du pouvoir et la restauration de la Dynastie Ming. Dénoncés par un traître, les membres de l’Ordre sont exterminés et leurs enfants parviennent à s'enfuir. Le fils du défunt chef de l’Ordre, Er Mao, est protégé par une vielle dame au grand cœur et aux poings d’acier, Mémé Huang. Ils sont repérés par les espions de la Cour qui a envoyé cinq maîtres de kung-fu pour les achever. Ils sont sauvés in extremis par « Grand Mari », un petit enfant turbulent d'une dizaine d'année qui lui est en fuite pour échapper à la grande et autoritaire femme de 20 ans avec qui il a été marié de force. Ils prennent ensuite la fuite tous ensemble pour échapper aux tueurs des Qing. Il s'ensuit alors une course poursuite ininterrompue à travers les montagnes et lacs splendides du Sichuan où les combats sont un prétexte à une chorégraphie stylisée superbement valorisée par une mise en scène et des combats hors du commun.
LES CINQ FLEURS D’OR
Titre chinois :
Titre anglais : Five Golden Flowers
Réalisateur : Wang Jiayi
Avec Yang Likun, Mo Zijang
1959, 105 minutes
Film culte des années cinquante, les cinq fleurs d'or est encore célèbre dans l'ensemble de la Chine. C'est un film extraordinaire par la joie de vivre qui s'en dégage. Il a été tourné dans la province du Yunnan avec des figurants des minorités locales. Il est remarquable par la qualité de sa photographie et de ses couleurs, qui évoque le technicolor hollywoodien. L'actrice principale devint une véritable star à la suite de ce film.
Synopsis
Dans la province du Yunnan, chez la minorité Bai, un jeune homme, A Peng, un jeune forgeron rencontre une jeune fille d’une exquise beauté prénommée Fleur d’Or. Ils se fiancent au pied de la légendaire fontaine des papillons, et selon la tradition, promettent de se revoir un an plus tard à l’occasion de la prochaine fête de mars. A Peng patiente une longue année avant de revenir chercher Fleur d’or, mais celle-ci n’est pas venue. Il décide alors de partir à sa recherche. Dans son périple, il rencontre quatre autres jeunes filles surnommées Fleur d’or.
La première est une paysanne modèle dans la collecte des engrais, la seconde travaille au beau milieu des vaches dans une bouverie, la troisième une travailleuse de la fonderie d’acier, la quatrième une conductrice de tracteur. Heureusement la cinquième, chef adjointe de la commune, sera la bonne.
MON SEJOUR EN FRANCE
Réalisateur : ZHAI JUNJIE
Interprétation : Lu Qi, Zhou Lang, Zhong Qiu, Ge Chunzhuang, Xia Yu
(note en cours)
Synopsis
En 1920, à l’âge de 16 ans, Deng Xiaoping quitte ses parents et sa province natale du Sichuan pour se rendre en France afin d’y faire des études. Il y restera jusqu’en 1925. Ce séjour sera une expérience décisive pour Deng. Fauché, il travaillera à l’usine et deviendra ami d’un vieil ouvrier français et de sa fille. Il participera au mouvement révolutionnaire fondé par Chu En Lai qui exercera sur sa pensée une influence déterminante.
CHANTS D’AMOUR DE TOURFAN
( note en cours )
Synopsis
Au cœur de la région du Xinjiang, dans la célèbre vallée de Tourfan, une jeune fille de la minorité Ouïgour fait visiter le Mont des Flammes aux touristes. Active et dynamique, elle est déjà patronne de sa propre agence de tourisme. Sa sœur aînée est amoureuse d’un simple soldat, mais voit ses fiançailles rompues par leur père, un chef de village traditionnel et autoritaire qui a réservé sa fille à un riche homme d’affaire. Afin de tirer sa sœur aînée de ce mauvais pas, la jeune sœur parvient à effrayer et à écarter l’homme d’affaire en lui faisant croire qu’une dot colossale lui sera demandée pour le mariage. A son tour la jeune sœur tombe amoureuse d’un étudiant et emprunte de l’argent à son père pour lui permettre de partir suivre ses études à l’étranger. Après son départ, elle se retrouve à nouveau seule et rencontre de plus en plus souvent l’ancien fiancé de sa sœur, le simple soldat, qui entre-temps aura été nommé officier. La grande sœur, elle, sera frappée par un cancer et décèdera. La jeune sœur tombera à son tour amoureuse de l’officier qui l’épousera